LET IT BE





Description

Let It Be est le douzième et dernier album original publié par les Beatles, paru le 8 mai 1970 en Grande-Bretagne, et dix jours plus tard aux États-Unis. Au moment de sa sortie, le groupe est déjà officiellement séparé, depuis une annonce faite par Paul McCartney le 10 avril. Les chansons présentes sur ce disque ont été enregistrées plus d'un an avant leur parution, l'essentiel étant mis en boîte en janvier 1969, avant la réalisation de l'album Abbey Road, publié en septembre 1969. Pour cette raison, Let It Be n'est pas considéré comme l'ultime album des Beatles, puisqu'il n'est pas le dernier enregistré.

L'album, supposé paraître à l'été 1969 sous le titre Get Back, est conçu au départ comme un retour aux sources : quatre musiciens jouant du rock dans des conditions live, en répétition pour un hypothétique concert. De plus, le tout doit déboucher sur un film. Les trois semaines consacrées aux répétitions et à l'enregistrement des chansons se déroulent sous l’œil des caméras de Michael Lindsay-Hogg qui tournent en continu, et sont ponctuées par le fameux concert sur le toit de leur immeuble de Savile Row le 30 janvier 1969. John Lennon, Paul McCartney et George Harrison ont apporté un grand nombre de chansons, toutes répétées, dont douze finiront sur cet album, alors que d'autres seront retravaillées de février à l'été 1969 pour Abbey Road, ou encore apparaîtront sur leurs albums respectifs après la séparation du groupe.

Les difficultés, qu'elles soient d'ordre relationnel ou logistique, s'accumulent durant ces sessions. Insatisfaits du résultat, les Beatles abandonnent le projet. Hormis Get Back et Don't Let Me Down, publiées en single en avril 1969, les kilomètres de bandes enregistrées en un mois sont dans un premier temps rangées au placard avant que le nouveau manager du groupe, Allen Klein, sans consulter Paul McCartney, ne décide de les confier au producteur américain Phil Spector. En mars 1970, Spector post-produit toutes les chansons à sa manière, rejette Don't Let Me Down de la liste, et le 33 tours paraît finalement en mai sous le nom de Let It Be, en même temps que le film du même nom.

Let It Be est aussi l'un des deux albums, avec A Hard Day's Night, sur lequel Ringo Starr ne chante pas. C'est, par ailleurs, l'unique œuvre des Beatles où George Martin, quoique présent du début à la fin du projet, n'est pas crédité en tant que producteur. C'est aussi le seul album où un musicien additionnel, Billy Preston à l'orgue et au piano électrique, est présent sur 7 titres et crédité sur le single Get Back. Quant au travail de Phil Spector, il est sujet à controverse et entraîne, 33 ans plus tard sous l'impulsion de Paul McCartney, la publication d'une version « déspectorisée » : Let It Be... Naked.

Ce dernier album officiel des Beatles est initialement commercialisé sous la forme d'un coffret incluant le disque vinyle et un livre. L'album seul n'est disponible qu'en novembre. Il bat tous les records de pré-commandes avant parution aux États-Unis où le livre n'est pas disponible. La publication de cet album se fait en parallèle au film Let it Be sorti en 1970. Ce documentaire montrant les répétitions et les enregistrements de janvier 1969 et abordé sous l'angle d'un groupe en train de se disloquer, fait l'objet, en 2021, d'un nouveau montage plus positif tiré de près de 60 heures d'image inédites, réalisé par Peter Jackson, proposé en trois parties de plus de deux heures chacune sur Disney+ ; il reprend le titre d'origine du projet : The Beatles : Get Back.

Contexte

À la suite des pénibles sessions de mai à octobre 1968, consacrées à l'enregistrement de l'album blanc, les Beatles comprennent qu'ils traversent une période difficile. Avant que le 30 mai 1968, John Lennon n'installe sa nouvelle compagne et muse Yoko Ono à ses côtés dans les studios, dès le début des sessions du double album tout simplement titré The Beatles, aucune compagne ou épouse n'était admise durant les enregistrements ou les répétitions. Ce disque et sa pochette toute blanche au formidable succès commercial avait été celui des individualités, les Beatles utilisant souvent séparément les trois studios d'Abbey Road pour enregistrer leurs chansons dans une ambiance particulièrement pesante, le groupe jouant rarement au grand complet. Certaines, comme Julia, Blackbird, Good Night ou Mother Nature's Son, avaient même été interprétées par un seul des Beatles. À présent, les autres membres du groupe peinent à s'entendre avec Yoko Ono et leurs rapports sont très tendus, d'autant plus qu'elle agace aussi l'équipe des studios en émettant des critiques. Par ailleurs, ils doivent, par contrat avec United Artists, un dernier film, à une époque où ils n'ont plus la moindre envie de jouer la comédie.

Devenu le motivateur du groupe, Paul McCartney trouve une solution à cette situation doublement délicate : recoller les morceaux en revenant à ce qui a fait la cohésion et la force des Fab Four, jouer du rock 'n' roll brut, sans user des innombrables techniques de studio qui ont prédominé pendant les trois dernières années. Le principe du projet est donc de jouer ensemble et en direct, comme un vrai groupe rock, bannir toute retouche, interdire les overdubs « watchamacallit » (« what you may call it », « quels que soient le nom que vous leur donnez »), comme dit John Lennon. Les erreurs d'interprétation doivent rester, comme pour montrer que les Beatles ne sont pas parfaits, et l'idée plaît beaucoup à Lennon. Tout doit être filmé, pour remplir le contrat avec United Artists.

Cependant, et jusqu'à la fin des sessions, le groupe a beaucoup de mal à se mettre d'accord sur les tenants et les aboutissants du projet : est-ce pour une émission télévisée, un documentaire montrant le processus créatif menant à la publication d'un album, ou des répétitions pour un concert ? Et si concert il doit y avoir, où se tiendra-t-il ? « Sur la lune ! », selon une blague de Lennon. Dans un premier temps, il est décidé de filmer des répétitions pour une émission télévisée qui sera retransmise mondialement, à l'image de ce qui avait été fait pour All You Need Is Love en juin 1967.

À partir du 2 janvier 1969, les Beatles s'installent donc avec l'équipe de tournage aux studios de cinéma de Twickenham, qu'ils connaissent déjà puisque des scènes de A Hard Day's Night et Help! y ont été tournées. Le tournage s'y déroule durant quinze jours.

Analyse

Pour ceux qui ont trouvé leur travail depuis l'album blanc aussi insipide émotionnellement que techniquement époustouflant, la nouvelle que les Beatles étaient sur le point de nous offrir un album plein de joyaux qu'ils n'avaient jamais réussi à polir au-delà de la reconnaissance était des plus encourageantes. Qui d'entre nous, après tout, n'aurait pas préféré un bon vieux "Save The Last Dance For Me" à la fois gêné et sans vie "Oh! Darlin '', ils avaient fait affaire avec?

Eh bien, c'était trop beau pour être vrai - quelqu'un ne pouvait apparemment tout simplement pas Let It Be, avec pour résultat qu'ils ont mis la charge sur leur nouvel ami P. Spector, qui à son tour a sorti son orchestre et sa chorale et a commencé à tourner plusieurs des joyaux bruts du meilleur album des Beatles depuis des lustres en bijoux fantaisie.

Certes, il aurait préféré être sur le projet dès ses débuts plutôt que de tout lui remettre huit mois après sa date de sortie annoncée (auquel cas on n'aurait jamais été amené à s'attendre à de la spontanéité et sa réputation serait encore intacte), on ne peut s'empêcher de se demander pourquoi il s'est impliqué du tout, et aussi de se demander comment il en est arrivé à la conclusion que la décoration somptueuse de plusieurs des pistes renforcerait la simplicité de l'album.

À Phil Spector, des claques piquantes sur les deux poignets.

Il a rendu "The Long and Winding Road", par exemple, pratiquement inaudible avec des cordes affreusement écoeurantes et un chœur ridicule qui ne servent qu'à accentuer l'apathie de la voix de Paul et le potentiel de mutilation de la chanson aux mains des innombrables schlock-mongers qui vont sans aucun doute trébucher les uns sur les autres dans leur hâte de le couvrir. Un chapitre légèrement moindre dans l'histoire en cours de McCartney en tant que romantique facile, il aurait peut-être commencé à se développer sur un personnage aussi charmant sans prétention, si Spector ne s'était pas senti obligé de transformer une prise apparemment précoce en une extravagance de bouillie oppressante. Bien sûr, il essayait juste de l'aider, mais Spectorized n'évoque rien de plus que le petit Mark Lester aux yeux déformés qui gazouille le cœur de son waif au milieu de l' Oliver assemblé.orchestre et chœur.

"I Me Mine", dont les sections de valse rappellent très certainement quelque chose de l'un des moments les plus larmoyants de The Al Jolson Story , bénéficie presque d'un tel traitement – ​​cela aurait été aussi hilarant que "Good Night", après tout, avait Spector obscurci sa guitare torride avec les cordes gluantes qu'il a si généreusement prodiguées sur le reste. Comme il l'a laissé, cependant, comme "Winding Road", c'est assez drôle pour être écoeurant mais pas assez drôle pour en rire.

Ailleurs, Spector aggrave sa fixation sur la bouillie avec une incapacité à choisir la bonne prise (on dit que rien sur «l'album officiel» ne provient des séances de cinéma réelles, remarquez). Inexplicablement insatisfait de la version unique de "Let It Be", par exemple, il a recherché une prise dans laquelle une guitare déchiquetée et des percussions absurdement inappropriées ont presque fait chavirer toute l'affaire, a décidé que ce pourrait être une vraie classe d'embellir la voix de manière orchestrale, et ainsi doublé en — oui ! - laiton. Ici, l'effet n'est même pas humoristique - Spector était apparemment trop déterminé à se souvenir de la façon dont les cors se sont déroulés sur "Hey Jude" pour écouter suffisamment attentivement celui-ci pour se rendre compte qu'ils sont à peu près aussi appropriés ici que les piccoloes l'auraient été sur "Helter Skelter.

Heureusement cependant, il ne s'est pas imposé trop offensivement sur quoi que ce soit d'autre, et une grande partie de ce qui reste est en effet splendide :

Comme "All Across The Universe" de John, qui, comme "Julia", est rêveur, enfantin et dramatique à la fois et contient à la fois une mélodie inhabituellement inventive et une voix tendre et dévotionnelle.

Comme les deux rockers rugueux, les grossièrement revivals "I've Got A Feeling" et "One After 909", qui sont tous deux aussi amusants à écouter qu'ils l'étaient apparemment à faire. "Allez, bébé, ne sois pas aussi froid que la glace" est peut-être à la fois la phrase la plus ridicule et la plus magnifique que Lennon-McCartney ait jamais écrite.

Comme les mots croisés « Dig a Pony » de John, qui présentent la voix d'un vieux rocker urgent et, étant tout à fait dans la même veine que des lennonismes antérieurs tels que « Happiness Is a Warm Gun », compense presque l'absence de « Don' t Let Me Down » et « The Last Dance ». Et surtout comme les deux favoris de tout le monde, "Two of Us". qui est à la fois contagieusement rythmique et irrésistiblement chantant dans la grande tradition de "I'll Follow the Sun", et le magnifique "Get Back", trapu, percutant et subtilement skiffly, qui ici n'a pas de fin mais contient toujours une délicieuse composition de John et Billy Preston.

Tous ces éléments sont, bien sûr, disponibles sur les versions bootleg de l'album, dont un autre avantage est leur pure non-spectorité et la présence de divers goodies qui n'ont pas tout à fait atteint la sortie officielle.

Musicalement, les garçons, vous avez réussi l'audition. En termes d'avoir le jugement d'éviter de vous surproduire ou de confier le sort de votre déclaration de retour au plus notoire de tous les surproducteurs, vous ne l'avez pas fait. Ce qui, d'une manière ou d'une autre, ne semble plus avoir beaucoup d'importance de toute façon.

COVER-STORY


La pochette de l'album, créée par John Kosh, est sobre et présente quatre photographies carrées de chaque Beatle : John Lennon en haut à gauche, Paul McCartney à sa droite, Ringo Starr en bas à gauche, et George Harrison à ses côtés. Le reste de la pochette est noir, le nom du groupe est omis et le titre y est inscrit en lettres capitales blanches. L'arrière de la pochette reprend la même disposition de clichés, en présentant cette fois-ci d'autres photographies, cette fois plus petites et en noir et blanc, accompagnant la liste des chansons. Celle-ci est introduite par un court texte, d'ailleurs parsemé d'erreurs grammaticales et de ponctuation, qui annonce « une nouvelle phase dans les albums des Beatles », présentant « ce qu'ils jouent en live, reproduit sur disque par Phil Spector ». Tout ceci n'est, cependant, que du verbiage commercial. En effet, si le grand public ne le sait pas encore, le groupe n'existe déjà plus depuis un certain temps. De plus, le travail de Phil Spector, qui a effectué beaucoup d'ajouts aux morceaux, trahit le concept initial du disque, comme présenté dans le texte de pochettea. On y rajoute des remerciements à George Martin, Glyn Johns, Billy Preston, Mal Davies (ingénieur de son), Peter Brown, Richard Hewson et Brian Rogers.

SETLIST


Piste Titre Durée
Face A
01 Two of Us 3:37
02 Dig a Pony 3:55
03 Across the Universe 3:49
04 I Me Mine 2:26
05 Dig It 0:50
06 Let It Be 4:00
07 Maggie Mae 0:41
Face B
08 I've Got a Feeling 3:37
09 One After 909 2:56
10 The Long and Winding Road 3:40
11 For You Blue 2:33
12 Get Back 3:07